Retours débat picoré du 30 novembre 2017
Une quarantaine de personnes ont participé à un temps d’échange autour de plusieurs thématiques identifiées lors des portraits d’habitants et de l’enquête. Il s’agissait d’approfondir le diagnostic de la situation aujourd’hui sur Baugé-en-Anjou et de définir des enjeux pour le prochain projet de Centre Social.
L’ESPACE Baugeois : une visibilité à revoir !
Les portraits d’habitants, mais également l’enquête avaient montré qu’il existe une certaine confusion dans l’esprit de beaucoup d’habitants entre Centre Social – ESPACE Baugeois et les activités qui en dépendent comme le Cybercentre ou l’Accueil de Loisirs. Le débat picoré a renforcé ce constat d’une méconnaissance de la structure « l’ESPACE Baugeois : c’est une entreprise ? » (un participant). Ce constat avait déjà été fait lors du précédant diagnostic et plusieurs actions ont déjà été réalisées : des articles réguliers dans le bulletin municipal de la commune de Baugé en Anjou et l’édition d’une plaquette de la structure. C’est un effort qu’il serait important de poursuivre dans le prochain projet avec un premier enjeu qui émerge : comment faire pour que des bénévoles du CS puissent être porteurs du projet du Centre Social ?
La mobilité : un frein en particulier pour l’emploi et la formation : cette question a été centrale dans les échanges. Les personnes mobilisent les voisins, la famille, leur réseau quand elles en ont un. Les transports existants ne répondent pas à tous les besoins avec parfois des points de ramassage trop éloignés (dispositif Conseil Départemental pour les personnes âgées), des horaires de bus inadaptés et des passages moins nombreux. Les personnes âgées restent vulnérables mais avec une nouvelle réponse mise en place par le CCAS en janvier 2018 au travers du transport solidaire. Les enfants et les adolescents habitant les communes déléguées n’ont pas toujours les moyens pour se rendre sur Baugé en Anjou. Les jeunes et les adultes sont limités dans leurs moyens de déplacement pour se rendre à un travail ou à une formation dans les grandes villes comme Angers. Le coût pour passer un permis de conduire est aussi mentionné comme un frein à la mobilité (pour rappel, la ville de Baugé en Anjou fait des prêts à taux zéro pour aider des jeunes qui ont le projet de passer leurs permis de conduire). Cette question de la mobilité impacte directement la possibilité de créer et d’entretenir des liens sociaux pour les personnes concernées.
L’isolement : un problème récurant mais dans un contexte nouveau
Les raisons de l’isolement et ses conséquences sont connues et ont été redites lors des échanges : la distinction entre l’isolement choisi et l’isolement subi (cas évoqué de personnes âgées dont le conducteur décède et l’autre personne du couple se retrouve sans moyens de locomotion), la difficulté d’aller vers les autres (avec des personnes qui n’ont pas intégré les codes sociaux pour le faire), là encore les questions de mobilité, avec pour conséquence la perte du lien social et parfois, des problèmes de santé.
Ce qui semble nouveau c’est le lien que l’on peut faire entre l’isolement et la mise en place de la commune nouvelle. Déjà les portraits d’habitants montraient « un réel intérêt pour la commune nouvelle, tout en s’interrogeant sur l’avenir des communes déléguées en terme d’animation, de commerces, d’information, de services publics… ». Plusieurs personnes ont à nouveau pointé cette appréhension d’être « laissées pour compte » quand elles habitent dans les communes déléguées. « Avant il y avait un carnaval dans ma commune maintenant ça se fait à Baugé ». Cela se traduit par une volonté que les choses se passent localement « on pourrait faire un blabla car local ! », « les élus des communes déléguées souhaitent être présents aux recrutements des personnes qui interviennent dans les écoles ». Une idée a même été évoquée : créer un « café des bonnes nouvelles » en contrepoids des médias qui ne parlent que de choses qui vont mal. Il semble donc que la proximité soit aujourd’hui une donnée particulièrement importante pour lutter contre l’isolement social à Baugé en Anjou. En pratique, le Centre Social pourrait être plus présent dans les communes déléguées et développer son soutien aux dynamiques locales (fête entre les voisins…). Le levier de l’école pour toucher les enfants, les jeunes et les famille ressort comme une opportunité.
L’intégration des nouveaux habitants : une carte à jouer pour le centre social
Plusieurs personnes ont dit leurs difficultés à s’intégrer socialement dans Baugé en Anjou quand « on n’est pas de la commune ». Ces témoignages font échos à des échanges qui ont eu lieu dans le cadre du porteur de paroles réalisé sur le marché de Baugé en Anjou. Cette réalité n’est pas propre à la commune mais elle ressort quand même d’une façon significative. Elle est importante dans la mesure où l’absence de réseau a été identifiée comme un frein à la mobilité pour les personnes qui n’ont pas de moyen de locomotion. Dans le même temps, le parcourt de personnes qui sont passées par le centre social montre que la structure peut être un moyen de favoriser cette intégration (cf. portrait d’Agnès au Cybercentre). Sans doute le C.S. pourrait s’emparer de cette question et voir comment communiquer de manière plus ciblée auprès des nouveaux arrivants sur le territoire.
Numérique : de multiples entrées pour agir
Le domaine du numérique a apporté des échanges très riches et soulevé de nombreuses questions de société. Est-ce qu’Internet isole ou rapproche en terme de lien social ? Comment gérer la place des écrans dans la vie de tous les jours ? Comment lutter contre le gaspillage des ressources quand la distribution vous incite à changer de portable tous les 6 mois ?
Les habitants ne semblent pas indifférents à ces questions qui les préoccupent ou les révoltent.
D’un coté, on voit bien qu’il est important de maîtriser, un tant soit peu, l’outil informatique, ne serait-ce qu’au niveau administratif. Il n’est pas rare que la Maison de Services au Public oriente des personnes vers le Cybercentre pour les aider dans leurs démarches en ligne. De l’autre, tout le temps mis dans les écrans – quelles qu’en soient les raisons – n’est-il pas passé au détriment des relations sociales ? On voit qu’il y a nécessité, pour le centre social d’agir à la fois sur l’apport de connaissances pour permettre au plus grand nombre de pratiquer le numérique mais aussi d’encourager l’éducation au numérique. Plusieurs opportunités peuvent être explorées. Les commissions enfance-jeunesse et famille préparent un théâtre forum sur la gestion des écrans le 06 avril 2018. Par ailleurs, il semble qu’il y existe des réalités différentes en termes de débit informatique suivant que l’on habite dans la campagne ou le centre ville. On pourrait imaginer créer un lieu collectif sur chaque commune déléguée avec accès Wifi haut débit. Enfin, plusieurs personnes ont montré un intérêt pour réfléchir au problème de surconsommation dans le domaine du numérique et de mutualisation d’outils, dans une logique plus large de décroissance. Si le Centre Social devait soutenir une telle démarche qui a une forte connotation politique, cela nécessiterait qu’elle soit validée en amont par le Conseil d’Administration.
Lien avec la commune : une dynamique constructive
Au-delà des éléments qui ressortent du débat picoré, le groupe des animateurs de table a évoqué un point important du diagnostic de territoire. En effet, depuis plus d’un an, le poste de directeur du centre social a été affecté pour 40 % à la gestion du pôle enfance jeunesse de la ville de Baugé en Anjou. Dans le même temps, un poste de référente famille a été créé, mi-temps au Centre Communal d’Action Sociale, mi-temps au Centre Social. Enfin depuis 3 années, des élus de la commune s’impliquent plus fortement dans le Conseil d’Administration. Tous ces éléments ont permis un rapprochement et une meilleure compréhension mutuelle des réalités de chacun. Une déclinaison possible de ce rapprochement serait que le Centre Social travaille en lien avec le pôle proximité de la ville pour voir comment s’appuyer sur les secrétaires généraux des communes déléguées pour travailler sur les projets de proximité. (NB : ce rapprochement ne doit pas empêcher le Centre Social de garder une possibilité de résistance et ne pas se mettre dans une posture de « courroie de transmission » de la ville)
Les utopies : quelques idées et remarques
Le foncier attractif permet à des personnes de faire le choix de venir vivre à Baugé-en-Anjou tout en travaillant sur d’autres villes. Le renouvellement des bénévoles n’est pas « chose facile ». On voudrait plus de commerces mais, en même temps, on développe nos achats en lignes et on va dans les grandes surfaces… Et si on avait une épicerie solidaire ? Et si l’on faisait une opération nettoyage de la nature sur la commune ? Et si l’on encourageait les échanges de savoirs pour se former mutuellement, se donner à voir autrement de manière valorisante ?